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I. ACRODUS NOBILIS Agass.

Acrodus nobilis Tafel 21 fig. 1-14

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Vol. 3. Tab. 21.

 

Cette planche représente plusieurs dents détachées du Musée de Paris et de Bristol et des collections de Lord Cole et Sir Philippe Egerton; on y remarque surtout une plaque presque entière des deux branches de la mâchoire, qui se trouve au Musée de Bristol. Tout ces débris proviennent du Lias de Lyme Régis.

 

La plaque fig. 1 est d'un grand intérêt pour la connaissance des caractères génériques des Acrodus; comme les mâchoires d'Hybodus de la collection du D' Buckland et du Musée de Bristol, comme les plaques du Strophodus de Caen, et comme la mâchoire de Cochliodus d Irlande, cette plaque prouve évidemment que les genres que j'avais établis sur des dents isolées sont fondés sur des différences essentielles, et qu'il n'y a pas de passage de l'un á l'autre, quelques difficultés que l'on puisse encore rencontrer quelquefois á déterminer des dents détachées.

 

On peut se faire vine juste idée de la dentition des Acrodus en comparant la plaque unique de l’A. nobilis, qui se trouve au Musée de Bristol, avec les mâchoires du genre Cestracion représentées vol 3. Tab. D fig. 13. Il devient évident par cette comparaison, que le mode d'insertion de ces dents, leur position, leurs variations même et jusqu’à leur nombre, présentent le même type général. On distingue parfaitement sur cette plaque les dents qui ont appartenu aux deux côtés de la mâchoire et qui forment des séries juxta-posées sous un angle obtus: il reste seulement douteux si toute la pièce en question est la mâchoire inférieure ou la mâchoire supérieure. Mais en supposant que la plaque, telle qu'elle se présente á nous sur la planche est la mâchoire inférieure, il est certain, que le côté supérieur qui est le mieux conservé, doit être envisagé comme le côté gauche, et celui dont on ne voit que trois rangées de dents, comme le côté droit (ce serait l'inverse si cette plaque contenait les dents de la mâchoire supérieure.) Partant de là, on. voit que, comme dans les Cestracions, les dents de chaque côté des mâchoires sont toutes immobiles et disposées en séries obliques d'avant en arrière, sur l'os maxillaire. Dans chacune de ces séries obliques on distingue au moins sept dents, et ces séries sont bombées sur le milieu de la largeur des mâchoires. La manière dont les dents latérales se présentent en profil, au bord externe et au bord interne de la plaque, et la position déprimée de la dent moyenne, prouveraient suffisamment que ces séries formaient des bourrelets saillans, comme dans le genre Cestracion, alors même que la courbure de chacune des séries serait moins bien conservée. Le nombre des séries conservées paraît d'abord être de neuf; mais il n'est réellement que de huit. Par la forme des dents on acquiert en outre la certitude que, comme dans le genre Cestracion, les dents courtes, dont le milieu se relève en cône obtus, sont les dents antérieures et que les plus allongées et les plus aplaties sont les postérieures.

 

Il me paraît probable que toutes les séries postérieures sont conservées, ou qu'il manque au plus une ou deux séries de ces petites dents difformes, qui se confondent bientôt avec le chagrin qui recouvre les mâchoires; tandis que vers l'extrémité antérieure, un plus grand nombre de dents semble avoir disparu de l'espace triangulaire qui se voit en avant de cet exemplaire. Ce qui est au moins certain, c'est que la première rangée, qui est conservée du côté droit, correspond á la quatrième de celles du côté gauche, ce côté de la mâchoire ayant glissé en avant de l'autre. Mais même en supposant qu'il fut á sa place, et que les trois rangées antérieures, conservées du côté gauche, fussent dans leur position naturelle vis-à-vis, du côté droit, le bord qu'elles formeraient serait encore bien large, proportionnellement á la grandeur des mâchoires, pour qu'il fut permis d'admettre que toutes les dents antérieures sont conservées. Dans le Cestracion., du moins, les dents antérieures ne finissent pas ainsi; il y a encore de petites dents qui forment, au bout des mâchoires, quelques rangées, dont la couronne est tournée en dehors de l'os maxillaire, et dont le milieu est proportionnellement encore plus pointu que les dents gibbeuses que nous voyons en avant de cette pièce. Je ne crois cependant pas que les dents les plus avancées vers la partie antérieure des mâchoires soient aussi inclinées dans le genre Acrodus que dans le genre Cestracion; je n'ai du moins pas rencontré de dents correspondant á celles du bout de la mâchoire du Cestracion, parmi les dents détachées, trouvées avec les dents ordinaires d' Acrodus. Je pense seulement qu'en avant des dents, conservées dans cette plaque, il y en avait encore quelques langées de plus bombées, que l'on ne connaît pas encore.

 

Quant á leur mode d'insertion, on voit par la coupe des dents brisées du côté droit, que leur racine est inclinée obliquement vers le bord intérieur de la mâchoire, et que la partie émaillée déborde du côté extérieur. Il en résulte que les dents sont insérées le long des mâchoires en séries obliques, de manière cependant que leur diamètre longitudinal corresponde á celui de l'os maxillaire; et leur position relative d'une série á l'autre est telle que la pointe d'une dent postérieure se trouve entre deux dents antérieures; par conséquent, le bord extérieur de chaque série postérieure rentre d'une demi espace.

 

Comme point de comparaison avec les autres espèces et les autres genres, et surtout avec les Strophodus (chez lesquels on remarque des différences analogues même dans les dents isolées), il importe de décrire en détail les différences que présentent les dents de ce genre Acrodus suivant leur position á la partie antérieure, moyenne ou postérieure de la mâchoire.

 

Les dents de la dernière rangée visible sont les plus petites et les plus étroites; leur point d'irradiation est en arrière de leur milieu. II y en a quatre et un fragment d'une cinquième. Elles sont plates.

 

Celles de la seconde rangée sont très-allongées et étroites; leur extrémité antérieure est plus large que la pointe postérieure; leur point d'irradiation est au tiers antérieur et un peu plus saillant; les dents sont légèrement courbées d'avant en arrière. Leur longueur égale environ la longueur de celles de la cinquième rangée, qui sont du double plus larges. Il y en a cinq et un fragment d'une sixième.

 

Celles de la troisième et de la quatrième rangée sont les plus longues; mais celles de la troisième sont plus étroites que celles de la quatrième, qui est par conséquent la rangée la plus apparente. Dans la troisième rangée, le point d'irradiation est au milieu, et les dents sont légèrement arquées d'avant en arrière, et bombées transversalement. Il y en a six, plus un fragment d'une septième.

 

Dans la quatrième rangée, le point d'irradiation semble se diviser et s'étendre davantage sur le milieu de chaque dent. Elles sont plus fortement arquées d'avant en arrière vers leur extrémité, mais le milieu reste encore plat. Il y en a sept, plus un fragment d'une huitième et quatre de la rangée correspondante du côté droit.

 

Les dents de la cinquième rangée sont beaucoup plus courtes, mais aussi larges que les précédentes; elles sont très-voûtées et plus fortement arquées d'avant en arrière; leur extrémité antérieure se rétrécit considérablement, en s'avançant entre les dents antérieures, semblable á une sangsue qui cherche á percer. Cette pointe est inclinée en dehors. Leur point d'irradiation est au tiers antérieur de la partie la plus dilatée de ces dents. On en voit distintement six, plus une cachée dans le fond, et quatre du côté droit, plus quatre fragmens.

 

Ces cinq rangées ont leur crète longitudinale excentrique, c'est-à-dire, plus rapprochée du bord externe que du bord interne de la couronne. Avec ce guide, aidé de la direction de la racine et de la forme des extrémités antérieure et postérieure des dents, il deviendra possible, á l'avenir, de déterminer la position précise de chaque dent détachée, dès que l'on connaîtra les différences qui existent entre celles de la mâchoire supérieure et celles de la mâchoire inférieure. Quant aux dents d'une même série, elles se ressemblent beaucoup.

 

Les dents de la sixième rangée sont encore plus courtes, leur diamètre transversal étant proportionnellement plus considérable; mais leur point d'irradiation, qui est central, est plus saillant. Le filet longitudinal est médian. Elles sont très-voûtées dans tous les sens; leur forme devient un peu sinueuse, c'est-à-dire, en S très-ouvert. On en voit six des deux cotes de la mâchoire.

 

Dans les dents de la septième rangée, le diamètre transversal devient plus considérable encore; les deux extrémités, antérieure et postérieure, s'atténuent rapidement aussi; le filet longitudinal penche du côté intérieur; le point d'irradiation est central et proéminent en bosse arrondie. Il y a six de ces dents du côté gauche, dont la dernière est couchée sur le flanc, et une en travers hors de la série. Les trois dents qui paraissent former une neuvième série, sont des dents du côté droit, correspondant á celles de la septième série; elles ont glissé du côté gauche, comme on voit en général que les séries de droite ont été poussées obliquement en avant et sous les séries de gauche.

 

On ne voit que quatre dents de la huitième série; l'extérieure est déplacée et poussée en avant. Leur diamètre transversal égale à-peu-près leur diamètre longitudinal. Le point d'irradiation est central et saillant en bosse arrondie. Les extrémités antérieure et postérieure forment des bourrelets arrondis.

 

Le caractère spécifique commun qui distingue les dents de cette espèce, quelle que soit d'ailleurs leur forme, consiste dans la disposition des rides transversales et de la quille longitudinale. Celle-ci n'est qu'un simple filet peu saillant, sur les côtés duquel les rides divergentes forment des plis arqués, dont la courbure se rapporte au centre d'irradiation, mais qui, vers les extrémités des dents, en s'éloignant de ce point central, se détachent des côtés du filet longitudinal.

 

Dans les dents antérieures, l'irradiation de ces rides est parfaite; mais á mesure que le diamètre longitudinal devient prédominant, il se détache des rides de la partie la plus saillante du milieu de la dent, formant même des points particuliers d'irradiation sur les dents des huitième et septième rangées, où les extrémités se renflent un peu; tandis que sur toutes les dents longitudinales, les rides forment sur le milieu de chaque dent á droite et á gauche un angle aigu, et en se courbant, en sens opposé au point d'irradiation, se perdent dans le bord des dents. Par-ci, par-là, ils anastomosent entr'eux, ou bien ils forment des faisceaux flagelliformes, en se multipliant par dichotomie, surtout sur les plus grandes dents qui paraissent avoir deux centres. Cependant, dans toutes les dents allongées, leur direction prédominante est transversale, excepté autour du point d'irradiadion.

 

La hauteur de la racine égale partout, autant qu'on peut s'en assurer, l'épaisseur de la couronne; excepté dans les dents antérieures, où la couronne paraît être un peu plus haute.

 

Les originaux des fig. 2 et 3 se trouvent au Muséum d'histoire naturelle de Paris, celui de la fig. 4 appartient á Lord Cole; les fig. 5, 6 et 7 représentent, de différens côtés, une dent de la collection de Sir Philippe Egerton et les fig. 10, 11, 12, 13 et 14 une dent du Muséum de Paris vue par toutes ses faces.

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