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CHAPITRE VIII. DU GENRE PTYCHODUS

 

Les dents sur lesquelles j'ai basé l'établissement du genre Ptychodus, sont très-abondantes dans tous les terrains delà craie, et surtout dans la craie blanche et dans ses équivalens géologiques; mais comme on les trouve ordinairement isolées, il est impossible, pour le moment, de se faire une juste idée de leur disposition sur les mâchoires. Ce qu'il y a de certain cependant, c'est que dans une même mâchoire les dents diffèrent peu les unes des autres, suivant la position qu'elles y occupent, á sa partie antérieure, sur les côtés ou en arrière; c'est du moins ce que semblent indiquer plusieurs pièces sur lesquelles sont accumulées un grand nombre de ces dents qui proviennent évidemment du même animal, mais qui diffèrent très-peu entre elles, si ce n'est par la taille. Quoique j'aie vu plusieurs pièces semblables portant un grand nombre de dents du même poisson, il ne m'a pas été possible jusqu’à présent de reconnaître de quelle manière elles sont arrangées sur les mâchoires, c'est-à-dire, de savoir si, comme dans les Cestracions, les dents antérieures sont plus petites, plus saillantes et plus aigues que celles des côtés et de la partie postérieure des mâchoires, ou si, comme dans les Raies, et notamment dans le genre Rhina, il y a des bourrelets de grosses dents alternant avec des étranglemens tapissés de dents plus petites. Malgré le défaut de renseignemens précis á cet égard, et malgré le manque de matériaux, pour établir une comparaison rigoureuse entre les Ptychodus et les Cestraciontes et les Raies, je crois cependant que ce nouveau genre se rapproche davantage des Cestraciontes et en particulier des genres Orodus et Acrodus que des Rhina. Ce qui me le fait croire c'est que, malgré leur isolement, les dents de Ptychodus que j'ai vues, groupées en nombre sur une même plaque, m'ont toujours paru disposées de manière á faire naître l'idée qu'elles vont en s'agrandissant et en s'élargissant uniformément d'avant en arrière, et que celles de la partie antérieure des mâchoires sont plus hautes et plus bombées que celles des rangées moyennes et postérieures. Une autre raison qui me fait rapprocher le genre Ptychodus des Cestraciontes plutôt que des Raies, c'est que j'ai acquis la certitude que les larges rayons osseux que l'on a trouvés dans la craie de Kent, avec les dents dont il s'agit ici, appartenaient aux animaux dont ces dents proviennent. Or ces rayons sont plutôt conformés comme ceux des Cestraciontes que comme ceux des Raies qui en sont pourvues. Quoi qu'il en soit de ces rapprochemens, toujours est-il que les dents que je désigne sous le nom de Ptychodus ne sauraient être rangées dans aucun des genres établis jusqu'ici, ce qui justifie en plein rétablissement de cette nouvelle coupe. Ces dents ont une forme anguleuse, plus ou moins carrée, la couronne est toujours plus large et proportionnellement plus liante que la racine, qui est obtuse, tronquée et plus ou moins échancrée dans le milieu, tandis que la partie émaillée est étalée par ses bords et se relève dans le milieu, de manière á former un mamelon obtus de grandeur variable, et plus ou moins aplati á son sommet, qui est sillonné transversalement de très-gros plis saillans plus ou moins tranchans, séparés par des sillons parallèles ou quelquefois sinueux plus ou moins profonds, tandis que les bords sont ornés d'une granulation plus ou moins fine ou d'un réseau de plis moins réguliers, moins saillans et plus serrés.

 

Toutes les espèces de dents de ce genre que je connais appartiennent á la formation crétacée.