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2. DU GENRE AETOBATIS M. ET H.

M. de Blainville désigna sous le nom générique d’Aetobatis l'ensemble des Mourines connues á l'époque où il publiait son ouvrage. Ce genre n'était donc alors qu'un simple synonyme du genre Myliobates de M. Duméril. Plus tard, lorsque MM. Müller et Henle subdivisèrent ce groupe en plusieurs genres, ils conservèrent le nom de Myliobates au genre dont le Raja Aquila des auteurs peut être considéré comme le type, et ils restreignirent le nom de Aetobatis au genre dont le Narinari de Margraf est l'espèce la plus anciennement connue.

Ce genre est caractérisé par la forme de ses mâchoires, dont l'inférieure fait saillie en avant, tandis que la supérieure est plus courte et tronquée carrément. Toutes deux sont garnies d'une seule rangée de dents transversales, sans chevrons latéraux. La mâchoire inférieure est, comme dans le genre Myliobates, plus longue que la mâchoire supérieure (Tab. D, fig. 1) . L'os de cette mâchoire est aussi long que large. La plaque dentaire, dont la surface est à-peu-près plate dans toute son étendue, n'en recouvre pas toute la surface; en revanche, sa partie antérieure déborde considérablement la mâchoire, et comme les dents sont arquées en avant, cela ne rend le bord antérieur que plus saillant.

Toutes les dents étant parallèles entre elles, leur surface offre l'aspect de chevrons courbés et emboîtés les uns dans les autres. La dernière dent seule est tronquée transversalement. La moitié antérieure de la plaque dentaire, qui est légèrement ombrée sur la figure 2 de Tab. D est usée par le frottement des deux mâchoires l'une contre l'autre. La mâchoire supérieure est plus large que longue, La plaque dentaire qui la recouvre diffère de celle de la mâchoire inférieure, en ce que ses chevrons sont à-peu-près droits et ne se fléchissent que vers les bords, et en ce qu'ils entourent le bord antérieur de la mâchoire, de manière á former une surface voûtée sur le devant de la gueule. Cette partie de la plaque dentaire est usée par le frottement comme la pointe de la mâchoire inférieure. La fig. 3 représente une dent antérieure détachée de la mâchoire supérieure, vue par sa face supérieure (a), et placée de manière á ce qu'on voie également en raccourci sa face postérieure (o) qui s'applique contre la face antérieure de la dent suivante. La figure 4 représente cette même dent par dessous. Les fig. 5 et 6 la représentent par devant et par derrière. La lettre a désigne la couronne, et la lettre c la racine. La fig. 7 montre cette dent d'en haut, mais placée aussi de manière á ce qu'on voie sa face antérieure en raccourci.

On ne connaît que deux espèces vivantes de ce genre, les Aetobatis Narinari et A. flagellum, qui vivent sur les côtes du Brésil, aux Indes et dans la mer Rouge. Les fossiles sont plus nombreuses, j'en connais quatre, probablement toutes des terrains tertiaires.

Les espèces de ce genre ayant la queue armée de piquans qui ne diffèrent pas essentiellement de ceux des Myliobates, il est impossible de rapporter jusqu’à présent á leurs vrais genres les exemplaires fossiles que l'on trouve isolés.