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CHAPITRE XII. DU GENRE HYBODUS

 

Quoique je ne me propose de décrire dans ce chapitre que les rayons osseux des nageoires des différentes espèces du genre Hybodus, je puis cependant déjà annoncer par anticipation que ce genre est l'un de ceux sur lesquels j'ai recueilli le plus de renseignemens et dont la connaissance m'a le plus avancé dans la détermination des autres. Car non-seulement je connais les rayons et les dents des description et j'ai la certitude qu'ils appartiennent au même genre, mais encore j'ai pu m'assurer que partout où l'on trouve des rayons de ce type, il existe aussi des dents analogues et vice versa. Il y a même plus; l'examen de la collection de miss Philpot à Lyme Régis m'a fourni les preuves que les Hybodus avaient deux nageoires dorsales et que les rayons osseux de ces deux nageoires ne différaient pas plus entr'eux que les piquans des deux dorsales des espèces vivantes qui en portent. L'importance de ce fait est incontestable pour tous ceux qui savent jusqu'où l'on peut pousser les analogies après avoir bien étudié le terrain sur lequel on se meut. Cependant, malgré l'existence de matériaux aussi précieux, l'histoire du genre Hybodus ne saurait encore être complètement achevée, á cause du nombre considérable des espèces qu'il renferme et qui ayant pour la plupart été trouvées réunies deux á deux ou trois á trois dans le même terrain, n'ont pas pu être reconstruites de toutes pièces, dans la crainte où j'étais d'assembler des parties provenant de différentes espèces. Il y en a cependant deux au moins dont j'ai pu réunir les rayons osseux, les dents et différentes autres partie du squelette sans qu'il me reste de doute sur les rapprochemens que j'ai cru pouvoir faire. Ces espèces sont du Lias de Lyme Régis et de Bristol, quant aux autres espèces et surtout á celles des terrains jurassiques proprement dits, je n'ai pas encore pu parvenir á les compléter aussi bien. A leur égard, mes descriptions présenteront donc encore le grave inconvénient de laisser figurer les rayons et les dents comme des espèces distinctes avec des noms spécifiques différens; mais j'espère que ces doubles emplois disparaîtront bientôt, dès que les géologues auront été prévenus sur l'impoitance qu'il y aurait á collecter ces débris avec plus d'attention qu'on ne l'a fait jusqu'ici. Comme ces fossiles ne sont pas très-rares, en Angleterre du moins, ces différentes lacunes seront sans doute bientôt remplies.

 

Les Hybodus s'étendent depuis le Grès-bigarré inclusivement jusqu’à la craie, c'est-à-dire jusqu'aux derniers dépôts jurassiques et weldiens; ils existent même dans la craie. Les rayons de ce genre, surtout ceux des espèces du Lias, se font remarquer par leur grandeur considérable. Ils ont une forme et des caractères extérieurs très-caractéristiques. Ils sont généralement un peu arqués, plus gros et plus larges vers leur base qu'à leur extrémité et se terminent en une pointe plus ou moins amincie. La partie de leur extrémité inférieure qui était cachée dans les chairs, est assez considérable, elle égale le plus souvent le tiers de la longueur totale; elle est finement striée longitudinalement et ouverte au côté postérieur en forme de sillon très-évasé qui se resserre pour former une cavité intérieure assez spacieuse et qui s'étend jusque vers l'extrémité du rayon. La partie des rayons qui soutenait le bord antérieur des nageoires est plus ou moins arrondie, légèrement comprimée latéralement, coupée plus ou moins carrément au bord postérieur et arrondie au bord antérieur; toute sa surface, du moins les côtés et le bord antérieur sont ornés de fortes arètes longitudinales arrondies, plus ou moins parallèles au bord antérieur du rayon et qui alternent avec des sillons assez profonds et à-peu-près de mêmes dimensions que les arêtes qui les séparent. Vers le bord antérieur ces arêtes et ces sillons sont généralement plus gros, plus profonds, plus larges et plus distans que vers le bord antérieur, le long duquel ils se confondent fréquemment, ainsi que vers la pointe. Le long du bord postérieur qui est plus ou moins plat et finement strié en long, il y a deux rangées plus ou moins distantes de grosses dents acérées, et arquées vers la base du rayon; vers son extrémité ces deux rangées de dents se rapprochent de plus en plus et finissent souvent par se confondre entièrement sur, la ligne médiane, surtout dans les espèces où elles sont déjà très-rapprochées á la base.