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CHAPITRE XV. DU GENRE SPINAX
Comme il existe plusieurs espèces vivantes de ce genre, il pourrait paraître convenable que j'entre ici dans des détails circonstanciés sur les caractères généraux des Squales á rayons épineux, et sur les rapports de corrélation qui existent entre les différentes parties de leur système osseux et dentaire. Mais comme il existe encore d'autres genres de Placoides á rayons épineux qui ont des représentans dans la création actuelle, ou qui lui sont exclusivement propres, je préfère renvoyer l'examen de cette question á la 5° partie de ce volume, dans laquelle je me propose particulièrement d'établir d'une manière définitive certains rapprochemens que j'ai cru pouvoir faire des parties détachées de Placoides fossiles, dans le but de rétablir les formes générales des espèces éteintes. Je me bornerai donc á décrire ici comparativement les rayons épineux des différentes espèces de Spinax, tant des espèces vivantes que de celle que M. Mantell a découverte dans la craie de Lewes. En revenant plus tard sur ce genre, je ferai connaître les autres parties du squelette, pour les comparer aux vertèbres fossiles que l'on a trouvées avec les rayons mentionnés ci-dessus.
Les grandes différences qui existent entre les rayons des diverses espèces vivantes, ne me laissent aucun doute sur la nécessité d'envisager comme espèce distincte, celle dont proviennent les rayons que l'on a trouvés dans la craie de Lewes. D'ailleurs l'examen que j'ai pu faire d'un assez grand nombre d'exemplaires de trois espèces vivantes de ce genre et la connaissance que j'ai acquise par là des limites que présentent les variations de leurs rayons, m'ont été de la plus grande utilité pour l'étude des Ichthyodorulithes en général.
Malheureusement, lorsque j'ai déterminé l'espèce fossile de ce genre, j'ignorais que le Prince de Musignano eût distingué, comme je le fais aussi, les espèces de Spinax qui ont des épines lisses de celles qui les ont sillonnées-, sans quoi je me serais conformé á sa nomenclature et j'aurais rangé mon Spinax major dans son sous-genre Acanthias, au lieu de lui conserver le nom de Spinax j pour former un nouveau sous-genre de son Spinax niger, que j'avais indiqué dans notre Musée comme une espèce nouvelle. Pour ne pas multiplier la synonymie, puisqu'il en est encore temps, je me bornerai á faire la remarque que c'est au sous-genre Acanthias que mon Spinax major appartient et j'adopterai le nom de Spinax pour le sous-genre dont le Spinax niger est le type. Je ferai cependant encore la remarque qu'il me reste quelques doutes sur l'identité du sous-genre Spinax du Prince de Musignano avec celui que j'avais établi pour le Spinax niger. En effet, ne connaissant pas le Spinax Uyatus, j'avais assigné á mon nouveau groupe des dents coniques avec deux petites pointes latérales de chaque côté, á la mâchoire supérieure, vol. 3. Tab. 3, fig. 5, qui n'existent pas dans le Spinax Uyatus; j'avais aussi envisagé comme caractère générique les singulières soies dont le corps du Spinax niger fig. 9 est recouvert, et que le Spinax Uyatus ne possède pas non plus. Enfin les épines du Spinax Uyatus différent assez de celles du Spinax niger pour que je puisse douter que le Spinax Uyatus puisse rentrer dans le sous-genre que j'avais établi pour le Spinax niger. Mais puisque cette distinction existe, je l'adopte, sauf á vérifier ultérieurement ses limites, d'autant plus que J. Müller et Henle dans leur mémoire sur les genres de Squales et de Raies semblent l'avoir prise dans le même sens que moi, quoiqu'ils ne nomment pas les espèces qu'ils rapportent á chacune de leurs divisions.
Les épines du Spinax niger, Vol. 3. Tab. 3. fig. 4., sont comprimées, et leur bord antérieur se relève en forme de quille qui s'étend jusqu’à la pointe; en arrière de cette quille les faces latérales sont sensiblement déprimées. L'épine de la dorsale antérieure est plus courte, plus droite et proportionnellement plus large á sa base que celle de la seconde dorsale; la quille de son bord antérieur c est moins large, le sillon longitudinal du côté postérieur b est moins profond, et la partie de l'épine cachée dans la membrane qui entoure les rayons de la nageoire, plus longue, comme on le voit en profil dans le rayon a. L'épine de la seconde dorsale est presque aussi longue que les autres rayons de la nageoire; elle est très-effilée á la pointe qui est un peu arquée, la quille du bord antérieur est plus large que celle de la dorsale antérieure. On voit ce rayon en profil en d, par son côté postérieur en e, et par son bord antérieur en f.
Les épines du Spinax Acanthias, Cuv. Vol. 3. Tab. 13, fig. 3., ont cela de particulier qu'elles sont plus grosses proportionnellement á leur longueur que celles du Sp. Blainvillei, mais en même temps elles sont plus petites proportionnellement á la grandeur des nageoires et á la taille du poisson. Celle de la dorsale antérieure a, b, c, est près de moitié plus courte que celle de la seconde dorsale d, e, f; son bord antérieur est légèrement convexe, mais son bord postérieur est presque droit, elle est aussi plus obtuse que la seconde. Celle-ci est sensiblement arquée, dans toute sa longueur, et le sillon de son côté postérieur est très-évasé; les bords postérieurs des deux épines sont tranchans, tandis que le bord antérieur est arrondi. Il ne paraît pas y avoir de différences sexuelles dans la forme de ces épines; mais chez les jeunes elles sont moins pleines, c'est-à-dire, que les côtés sont moins arrondis, les bords plus saillans, et la pointe plus effilée.
Quant aux épines du Spinax Blainvillei, fig. 1 et 2, on remarque les mêmes différences de forme entre celle de la dorsale antérieure et celle de la seconde dorsale, que chez le Sp. Acanthias, c'est-à-dire, que celle de la première est plus droite et plus trapue que celle de la seconde qui est plus effilée et sensiblement arquée. Mais les différences spécifiques sont faciles á reconnaître, les épines du Sp. Blainvillei sont généralement moins grosses proportionnellement ci leur longueur, et cependant elles ont des dimensions absolues plus considérables; il est en outre très-remarquable que l'épine de la dorsale antérieure a, b, c, est presque aussi longue que celle de la seconde dorsale d, e, f.
Toutes les ligures qui portent les mêmes lettres représentent ces divers rayons du même côté: la fig. a est toujours le rayon de la dorsale antérieure vu en profil, la fig. b le représente par sa face postérieure, et la fig. e par son bord antérieur; la fig. d donne toujours le profil de l'épine de la seconde dorsale, la fig. e son côté postérieur, et la fig. f son bord antérieur.
Ce qui vient d’ètre dit des épines du Spinax Acanthias et du Blainvillei, prouve évidemment que ces rayons ne sont pas toujours en rapport avec la taille du poisson; cependant il est á remarquer que l'épine de la seconde dorsale présente á cet égard des différences moins frappantes que celle de la première. Dès lors il ne me paraît pas douteux que l'espèce fossile n'ait atteint des dimensions plus considérables que les espèces vivantes, puisque les rayons osseux que j'en ai vus sont tous plus grands que ceux des espèces de notre époque. Je lui ai en conséquence donné le nom de