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I. CARCHARODON MEGALODON Agass.

CARCHARODON MEGALODON Tafel 29 fig. 1-8

© ETH-Bibliothek Zürich, Alte Drucke

Vol. 3, Tab. 29 1 - 8

SYN.: Carcharias megalodon Ag. in Egerton Catal. - Carcharias macrodon Ag. in Egerton Catal. - Carcharias grosseserratus Ag. in Egerton Catal.

Les dents de cette espèce sont de nature á exciter un vif intérêt, á cause de l'idée effrayante que nous nous faisons, en les voyant, de l'animal qui les portait. Il est probable, en effet, que malgré la disproportion que nous avons signalée á l'article du genre entre les dents et le corps des Carcharodons, l'espèce dont celles-ci proviennent était de très-grande taille; car dans la création actuelle, il n'existe aucun Carcharias dont les dents aient même la moitié de ces dimensions. Les difficultés de la détermination spécifique se présentent ici d'entrée. Et d'abord, les dents que j'ai réunies dans ma Tab. 28 sous le nom de C. megalodon sont loin de se ressembler, et je conviens que les différences au moyen desquelles on distingue les espèces, sont dans nombre de cas moins importantes que ne le sont ici les différences individuelles. Malgré cela, on peut, dans certains cas, parvenir á reconstruire une mâchoire ou une partie de mâchoire de Carcharodon fossile, d’après des dents isolées, lorsque ces dents présentent cet air de famille qui, pour l'oeil exercé, équivaut á une foule de caractères spéciaux. Ce sont ces considérations qui m'ont engagé á envisager comme d'une même espèce les dents de Tab. 28, que j'ai essayé de représenter dans leur ordre de succession naturelle. J'envisage les fig. 1 et 5 comme représentant les deux dents impaires; les fig. 3et 4 comme provenant de la mâchoire supérieure, et les fig. 6, 7 et 8 comme provenant de la mâchoire inférieure. Je doute á peine que la fig. 4, malgré sa largeur, ne soit spécifiquement identique avec celle de fig. 2; les fig. 6 à 8 de leur côté, ont cette forme pointue et effilée qui caractérise les dents de la mâchoire inférieure, relativement á celles de la mâchoire supérieure. Je conviens qu'à l'égard des fig. 1 et 5 les probabilités sont moins grandes; cependant, comme leur forme et leurs dimensions relativement aux autres dents sont à-peu-près dans les mêmes rapports que chez plusieurs espèces vivantes, il serait fort possible que la place que je leur assigne fut la véritable. Nous savons, en effet, que la dent impaire des Carcharias se distingue ordinairement par sa base élargie et par sa forme grêle, et que celle de la mâchoire inférieure a les côtés plus droits, tout en étant étroite. Cependant pour ne pas préjuger la question d'une manière absolue, nous allons décrire en peu de mots les caractères des différentes dents qui sont ici figurées, en prenant pour type celle de fig. 2 et 3 qui est la plus belle et la plus complète que je connaisse.

Sa forme générale est sensiblement équilatérale, c'est-à-dire que le bord postérieur et le bord antérieur présentent le même contour, étant l'un et l'autre légèrement évasés. Les dentelures marginales sont uniformes sur tout le pourtour de la dent. L'émail déborde á peine la racine á la limite de cette dernière; il est échancré á angle presque droit á la face interne (fig. 2), tandis qu'il est simplement concave á la face externe (fig. 3). L'épaisseur de la dent n'est pas très-considérable (fig. 2) ; la face interne est bombée; la face externe en revanche est plate et même un peu concave. La racine est très-grosse; elle forme á elle seule plus du tiers de la hauteur totale de la dent; dans d'autres exemplaires ces proportions peuvent varier suivant leur position sur la mâchoire. La dent de fig. 4 est plus large, plus trapue et d'une épaisseur proportionnelle á sa largeur; sa face externe est très-bombée, sa face interne sensiblement concave, surtout vers la pointe (fig. 4a) . Les dents de fig. 6 et 8 se caractérisent par leur forme élancée comme des dents de la mâchoire inférieure; celle de fig. 8 se fait surtout remarquer par ses dimensions et par sa forme un peu inéquilatérale, le côté antérieur étant arqué, tandis que le côté postérieur est échancré. La dent de fig. 7 est moins caractérisée; par sa forme elle est intermédiaire entre les fig. 2 et 6; elle s'amincit fortement vers la pointe et est même sensiblement recourbée en avant (fig. 7a). La racine, qui est ici admirablement conservée, est proportionnellement moins grosse que dans la fig. 2, du reste très-régulière, concave, á cornes arrondies. Une échancrure assez sensible s'aperçoit entre la racine et l'émail. La dent de fig. 1, malgré sa petitesse, a tous les caractères essentiels des autres dents que nous venons de décrire; sa racine est très-grosse, et la base de son émail forme á la face interne (fig. 1) un angle très-prononcé; seulement, au rebours des autres, sa pointe est légèrement tournée en dedans (fig. 1a), ensorte que sa face interne est plutôt convexe que concave. La fig. 5 est, comme nous l'avons dit, la plus problématique. Aussi ne serais-je pas étonné si l'on venait á démontrer qu'elle appartient á luie espèce particulière. Dans ce cas, on pourrait l'appeler C. aequilateralis, qui est le nom sous lequel je l'avais désignée dans l'origine.

J'avais aussi distingué dans mes notes plusieurs espèces parmi les dents que je réunis aujourd'hui sous le nom de C. megalodon, et j'avais appelé l'une C. macrodon et l'autre C. grosseserratus, á cause des fortes dentelures marginales qui m'avaient frappé dans quelques dents; mais j'ai reconnu plus tard que ce caractère n'avait pas assez de fixité pour justifier une distinction spécifique. Si j'en parle ici, ce n'est que parce que j'ai étiqueté des dents sous ces noms dans quelques collections.

Quoique le gisement des exemplaires figurés ne soit pas connu dune manière précise, je ne doute cependant pas que l'espèce ne soit tertiaire.

Les originaux de fig. 1, 2 et 5 se trouvent au Musée de Carlsruhe sans indication d'origine.

Les fig. 4 et 7 font partie du Musée de Strasbourg et proviennent de la collection Goullet; leur base est couverte de paillettes de gyps. L'étiquette indique comme origine l'île de Malte (J'ajoute peu de foi á ces indications de gisement ou d'origine tirées d'anciennes collections, et je doute fort qu'il y ait dans les musées d'Europe un aussi grand nombre de ces dents de C. megalodon provenant de Malte, comme on le prétend. Je crois bien plutôt que ces indications proviennent de ce que cilla ayant figuré de ces grosses dents provenant de Malte, mais d'une espèce différente, elles ont été plus tard généralement désignées sous le nom de dents maltaises, et rangées sous cette dénomination dans les collections, quelle que l’ùt leur origine.).

L'original de fig. 6 se trouve dans la collection de M. Bronn, et provient de Styrie; mais le terrain n'est pas indiqué.

Il existe également au Muséum de Paris deux fort belles dents qui paraissent être l'une et l'autre de la mâchoire inférieure. La fig. 8 représente le contour de l'une d'elles, mais je n'ai retrouvé aucune indice de leur origine.

La collection de M. Bronn contient une seconde dent de cette espèce, provenant du sable quartzeux de Dax. La collection de M. Alex. Brongniart et celle de M. Desnoyers á Paris; celles de M. le comte de Münster, de M. d'Alberti, de M. le professeur Walchner, de M. Thurmann, de lord Enniskillen et celle du Musée de Prague renferment également des dents de cette espèce. Celle qui se trouve dans la collection de M. le comte de Münster provient de Malte, et, parmi celles de Lord Enniskillen, il s'en trouve une de la molasse suisse, une autre de la formation tertiaire de Maryland et deux du Pliocène de Malte. M. Charlesworth la cite dans le crag d'Angleterre. Il résulte de ces diverses indications que notre C. megalodon serait une espèce propre á l'étage tertiaire moyen.

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References for CARCHARODON MEGALODON

valid name: Megaselachus megalodon